Piano scolaire n° 17

‘’ Le piano scolaire, instrument de petite dimension, est dédié aux commençants comme à ceux qui veulent répéter des passages difficiles, sans causer de dommages aux grands pianos ; léger, par conséquent facile à transporter, d’une extrême solidité, le piano scolaire rendra de grands services aux familles dans lesquelles on procède à l’étude du piano…en vente chez Pleyel, rue Rochechouart, 22… (Revue mondaine illustrée, 1892/01)’’

 

Structure et meuble

Donnons aujourd’hui un coup de projecteur sur ce petit piano des années 1890. Le Pleyel scolaire de Limoux fut, grâce à notre collègue Philippe Jeunier, un des premiers du musée. Instrument à la destination particulière s’il en est (il se reconnait à sa petite taille : 110 x 55 x 104 cm), il a retenu tout de suite mon attention : le cadre est auto-porteur, il soutient donc à lui seul tous les éléments du meuble et de la structure harmonique. Lire la suite

Piano double-Pleyel pneumatique

Patron, un double !

Parmi les innombrables curiosités de l’histoire pianistique, (histoire ô combien ingrate : elle va, pour la plupart, les oublier !), voici quelques lignes consacrées aux pianos à claviers doubles, opposés, superposés, séparés, destinés en tout cas à des fonctions bien précises et très souvent complémentaires. Leur liste est bien plus longue que ce que l’on pourrait penser et évidemment elle n’est ici pas exhaustive.

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Le piano scolaire, instrument de petite dimension, est dédié aux commençants comme à ceux qui veulent répéter des passages difficiles, sans causer de dommages aux grands pianos ; léger, par conséquent facile à transporter, d’une extrême solidité, le piano scolaire rendra de grands services aux familles dans lesquelles on procède à l’étude du piano…en vente chez Pleyel, rue Rochechouart, 22…
(Revue mondaine illustrée, 1892/01).

Pleyel scolaire n°17

Il porte le n°17

Jetons aujourd’hui un coup de projecteur sur ce petit piano des années 1890. Le Pleyel scolaire de Limoux fut, grâce à notre collègue Philippe Jeunier, un des premiers du musée. Instrument à la destination particulière s’il en est (il se reconnait à sa petite taille : 110 x 55 x 104 cm), il a retenu tout de suite mon attention : le cadre est auto-porteur, il soutient donc à lui seul tous les éléments du meuble et de la structure harmonique.
Il porte le numéro 17. Une première approche nous montre un meuble merisier clair, je dirais trop clair pour être honnête : un bon décapage l’a en effet débarrassé de l’austère teinte foncée en vigueur en cette fin de siècle, teinte dont on peut avoir un petit aperçu en observant le cartouche. Pour en terminer avec les anachronismes, on passera rapidement sur les flambeaux.

Pleyel scolaire n°17 - De gros boulons

De gros boulons

Les deux côtés du meuble sont donc fixés au cadre via de gros boulons qu’on peut voir en haut et en bas à l’extérieur. Dessus s’articulent tous les autres éléments, comme sur un piano normal. C’est là que nous constatons, et cela est assez rare pour être signalé, qu’aucun morceau de ce meuble n’est collé (hormis les patins qui supportent les consoles). Le couvercle est articulé sur l’arrière par une charnière montée sur une planchette à glissière. En le saisissant des deux mains de part et d’autre et en tirant vers le haut, on l’enlève en un clin d’œil.
La structure harmonique est à cordes parallèles, avec un cadre en fonte pleine non tourillonnée, peint en marron foncé. La mécanique à baïonnettes, tout à fait normale, avec ses étouffoirs bridés, a ses marteaux montés sur peignes : on reconnaît sans difficulté la fabrication maison. Clavier ivoire/ébène 61 notes, 5 octaves de do à do. Il n’y a pas d’unicordes (32 doubles, le reste en triples). Une seule pédale (forte) et une sourdine manuelle actionnée par une barre en bois articulée sous le plateau de clavier.

Pleyel scolaire n°17 - pas de barrage

Pas de barrage

Au dos, pas de barrage. Le sommier et la table d’harmonie (non barrée) sont boulonnés sur le cadre et donc démontables pour toutes réparations (après avoir enlevé les cordes, évidemment). 13 boulons pour le sommier, 34 pour la table.
Pleyel s’est inspiré de ce modèle pour concevoir un instrument similaire : le piano pour compositeur. Les principales modifications concernaient la caisse, par l’addition d’un porte-encre, d’un porte-lumière et d’un porte-musique, les consoles étaient vides pour le rangement de partitions. Une deuxième pédale (douce) était disponible en option, un supplément au coût plutôt dissuasif (il équivalait environ au quart du prix de l’instrument).

Jean-Jacques Trinques

La forme du piano droit que nous pratiquons aujourd’hui nous parait tout à fait banale, nous le connaissons par cœur, c’est notre pain quotidien. On peut situer l’aboutissement de cet instrument dans les années 1820/1830, après moult inventions, perfectionnements, dispositions et élucubrations diverses, dont le piano girafe.

Le piano girafe de Limoux

Sachons, pour faire simple, que la ‘’verticalisation’’ du piano, bien qu’abordée très tôt (vers 1740, Italie, Allemagne), ne s’affirmera qu’au passage du siècle suivant. Au départ certainement inspiré du clavicytherium (à cordes pincées), cette disposition montrera — fallait-il y penser— un queue verticalisée et posée sur quatre pieds, principe que les anglais reprendront vers la fin du siècle. Puis l’américain Hawkins et le viennois Muller imagineront simultanément en 1800 de combler l’espace laissé libre sous le clavier : la base de notre piano droit prenait forme. Mais au dessus ce fut une autre paire de manches. Voici venu le temps des spectaculaires pianos-cabinet, secrétaire, armoire, lyre, pyramidal, harpe, etc… et surtout le girafe, qui n’est pas le moins élégant ni le moins répandu. Il sera fabriqué jusque vers 1850, une vie qu’on peut toutefois qualifier d’éphémère car il n’aurait été inventé qu’en 1798.

 

Coupe de ce mécanisme (d’après le Harding, The pianoforte, page 233).

Le piano girafe de Limoux est un classique du genre. Plutôt sobre dans ses lignes (H : 225 cm, plaquage de noyer fil ciré), il n’arbore aucune cariatide, pas un bronze ou médaillon, aucun décor subtil, marqueterie ou frisage. Pas de marque, également, aucune indication d’origine (je parierais pour un autrichien des années 1830).
Sitôt enlevé le grand panneau du haut, l’intérieur dévoile un champ de bataille qui pourrait occuper pendant de longs mois une escouade d’accordeurs-réparateurs. La mécanique (viennoise) est située sous la ligne du clavier (tessiture 6 oct ½, do à sol). Les cordes, ou plutôt ce qu’il en reste, ne donnent plus le moindre son depuis des lustres. Les têtes des marteaux sont garnies de trois bandes de mince peau blanche, une plus épaisse de peau foncée et enfin une de feutre blanc.

(Condensé d’un article paru dans la revue Pianistik n°96, décembre 2012)