Piano carré d’enfant, anonyme, vers 1840
On est devant un piano sympa, attendrissant comme tout piano d’enfant. Mais celui-ci, de part son ancienneté (et surtout son format : un piano carré, siouplait !) l’est encore plus. Dans son jus et apparemment complet, il fait partie de la collection du musicologue parisien Jean Haury, il est chez nous depuis 2006.
Pour l’expertiser, on n’a aucun repère, pourtant il nous faudra bien faire avec lui, et lui seul. C’est dire si cette fabrication est confidentielle. En plus, elle est anonyme : pas la moindre indication d’origine ou de facture. Impossible, donc espérer trouver des informations sur ce genre d’instrument. Même sur le Net, nous n’aurons rien. Des seules pistes recensées, et pour pouvoir espérer aller plus avant, nous n’obtiendrons que de maigres résultats : quelques similaires, plus récents, des droits fin XIXè et XXè siècle. Si on cherche, toujours sur la toile, des pianos d’enfant, des pages entières se déroulent, mais des pages pleines de petits pianos jouets, des instruments d’un autre registre, hors sujet ici (nous en avons, du reste, une belle brochette à Limoux, je vous en parlerai certainement un jour).
Vous vous rendez compte qu’il convient de bien faire le distingo entre le piano d’enfant, qui est un véritable piano fabriqué à l’échelle, et le piano jouet, doté d’un mécanisme plus que succinct, contenant un carillon de barres ou de lames métalliques plus ou moins bien accordées, juste pour amuser les bambins.
Revenons donc à notre petit bijou. Son meuble est simple, (voir photo). Placage de palissandre, filets de bois clair, 4 pieds à section carrée, un pupitre pliant (voir photo), pas de roulettes. Ses dimensions : L 92 x l 48 x h 84 cm.
La structure harmonique (voir photo) est à cadre bois, sans aucun renfort. Table d’harmonie traditionnelle, en épicéa (petites fentes), un seul chevalet, petites chevilles plates (diamètre : 5,5mm). Plan de cordes : 2 unicordes laiton, 9 doubles laiton, 38 doubles fer. Clavier ivoire-ébène 4 octaves, 49 notes, F à F. Les plaques d’ivoire mesurent 37 x 20 mm, les ébènes font : L 52 mm et l 10 mm. La mécanique est anglaise (voir photo), à simple échappement (celui-ci est cravaté sur la touche, il n’y a pas de pilote). Le marteau et sa noix sont une seule et même pièce (en hêtre), la forme est d’inspiration viennoise. Les têtes sont garnies de plusieurs couches de feutres et peaux (voir photo). 30 étouffoirs (voir photo). Pas de pédales ni aucun système d’expression.
Jean Jacques Trinques
