concert d’ouverture saison 2022

La saison musicale s’ouvre le 11 juin avec un concert proposé par Pascal Herpin et Marc Valdeyron, tous deux membres de l’association des amis de la collection de piano du Musée. Ils ont invité la pianiste Anne LE BOZEC qui jouera sur trois instruments d’époques différentes afin que vous découvriez l’incroyable richesse apportée par ces différentes sonorités.

Programme en cours d’élaboration…

Découvrez dés à présent Anne le Bozec via son site :  annelebozec.com

En attendant et pour vous faire patienter, écouter et regarder ci-dessous.

C’était en masque, le public était derrière les écrans… mais c’était à l’Auditorium de Radio-France le 8 décembre 2020 !
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Pleyel queue 1830

Piano à queue PLEYEL 1830 !

Il est considéré comme l’un des modèles phare du musée, surtout par les professionnels. Le visiteur lambda, lui, ne le remarquera pas, noyé qu’il est dans la rangée uniforme des pianos à queues du XIXè siècle. Il me plait aujourd’hui d’évoquer ce sympathique piano, ne serait-ce, que par son ancienneté au musée. C’est en effet un des premiers que ‘’Papa’’ Chenaud, Président fondateur de l’AFARP (devenue depuis Europianofrance) dégota et mit aux abris dans les années 50-60. Il fit donc partie de ce premier convoi d’une dizaine de pièces qui, bourlinguera plus tard, d’Evreux à Alès, en passant par Le Mans, pour enfin atterrir à Limoux. Ce lieu, il l’appelait de ses vœux mais il ne connaîtra jamais, c’était son futur ‘’Musée de la Rétrospective’’.

Ce n° 1559 de la maison Pleyel lui avait tapé dans l’œil. Il est vrai qu’on ne tombe pas tous les jours sur un numéro de la série mille de la célèbre maison. Modèle de concert de l’époque, il paraît bien petit par rapport à nos productions modernes qui avoisinent les 3 mètres. Il se contente d’un modeste 2m43, mais cela suffisait pour remplir de sa somptueuse sonorité les salons Louis Philippe de la Monarchie de Juillet.

On le trouve dans les premières pages disponibles des archives Pleyel et il a été vendu en mai 1831.

Le cartouche donne les indications Ignace Pleyel et Cie (société créée en 1829) et médaille d’or (de 1827, à l’exposition publique des produits de l’industrie française). La seconde, obtenue en 1834, ne figure pas ici.

C’est un pur jus de cette période qu’on évoque si souvent, celle, d’après les puristes, où notre instrument est abouti et n’a plus rien à prouver. Pas faux, dirons-nous, au vu de tout ce qui avait été inventé, testé et breveté jusque là : nous avons déjà les composants et les principes de base de notre piano moderne : des mécaniques élaborées (à simple ou double échappement), le cadre métallique, le principe des cordes croisées, la standardisation de la tessiture, le feutre pour les têtes de marteaux, les deux pédales essentielles, forte et douce, etc… Et quand je dis ‘’pur jus’’ en parlant de celui-ci, je ne me trompe pas car il se présente comme au premier jour, dans ses équipements et matériaux d’origine. Jean-Claude Battault, notre collègue du Musée de la Musique à Paris, l’a bien vu et s’y est intéressé de suite car il se trouve qu’il a le même à quatre numéros près (le n° 1555) dans ses murs. Ce dernier a cependant été restauré au milieu du siècle dernier… Au-delà de la forte probabilité que ces deux instruments se soient croisés dans les ateliers de la rue Cadet, il est quasiment sûr qu’ils étaient équipés des mêmes matériaux, feutres, cordes, ferrures, accastillages, etc… Jean-Claude est donc venu à Limoux pour procéder à quelques prélèvements aux fins de recherches plus poussées dans son laboratoire parisien (pièces mécaniques, feutres, peaux)

André Chenaud écrivait : ‘’Ce piano fait partie de la première série qui a reçu un abattant de clavier de forme cylindrique en remplacement des tablettes utilisées jusqu’alors. Le terme de cylindre restera jusqu’à nos jours pour désigner cet élément du meuble’’ (le mot couvercle était déjà pris pour désigner le dessus du piano). Avant de retirer ce cylindre, il faut d’abord prélever la planche d’adresse qui est tenue par deux vis ornementales sur deux pattes en bois, elles mêmes fixées sur les blocs (voir la photo de la marque). Le cylindre bascule vers l’arrière pour se cacher au-delà de cet élément. Sa forme est assez simpliste, un parfait quart de rond, pas de double galbe. Il est donc moins élégant que nos cylindres modernes.

Le meuble est plaqué en acajou et palissandre, la queue est carrée, d’où sa désignation exacte de piano à queue en forme de clavecin. Dimensions : L = 243 cm ; l = 126 cm ; h = 94 cm. Ces références au clavecin sont courantes dans les archives de l’époque (devant carré, devant coupé, forme carrée). Pour mieux comprendre, observez la photo sur la forme du piano : la queue est carrée (comme son voisin de gauche, un Erard), et le ‘’devant coupé’’ se voit très bien. Les oreilles (c’est le nom donné à cette partie du meuble) sont deux découpes à angle droit de part et d’autre du clavier. Petit à petit, ce coin s’enjolivera dans sa forme et ses fioritures. Comme expliqué ci-avant, vous ne voyez pas le cylindre : il a basculé pour se cacher derrière la planche d’adresse. Toujours en comparaison avec le clavecin : les cordes basses et médium sont accrochées à des pointes fichées dans une contre éclisse en bois dur le long de la courbure de la caisse et le fond carré.

Pour les cordes aiguës, c’est autre chose : les pointes d’accroche sont sur du métal, sur  la structure harmonique. Celle-ci parait assez légère au premier abord. Une plaque de métal en demi-lune (le sommier prolongé) et trois barres de métal soutiennent la tension des cordes les plus fines comme vous pouvez le voir sur la photo suivante. Il faudra ensuite aller voir sous l’instrument pour découvrir d’autres barres métalliques : il y en a sept, elles forment une armature rigide (photo armature métallique du dessous)

La tension totale de cette structure est toutefois très (trop) importante car on voit à l’œil nu, surtout depuis l’arrière, que la caisse est voilée, elle est s’est mise en ‘’hélice d’avion’’.  On le voit particulièrement bien sur la photo de l’arrière du piano avec le pied penché. A noter que la tension des cordes doit représenter sur un tel instrument (en état de jeu), une dizaine de tonnes (il faut compter quasiment le double sur nos pianos modernes).

Au dessus du plan de cordes est posée une fausse table en résineux (photo suivante) Elle servait à amoindrir la force de son en fonction du répertoire joué.

Voyons maintenant la mécanique, en observant au passage les chevilles d’accord plates et les étouffoirs dits chapeaux de gendarme (ils sont garnis de peau dans les basses, de drap ailleurs). Les tiges d’étouffoir sont de simples bâtonnets en bois léger. Ils coulissent librement, leur course est stoppée en haut par une barre de butée en bois garnie de feutre : c’est le chapiteau d’étouffoirs, là aussi un principe hérité du clavecin. (photo des chevilles et étouffoirs)

La mécanique est précise et complète. Il s’agit d’une mécanique dite à peigne comme on peut l’observer sur la photo.  Les marteaux sont en feutre. Le système est celui de l’échappement anglais, appelé aussi simple échappement. Pleyel y sera longtemps fidèle, une façon comme une autre de se démarquer de son grand concurrent Erard qui avait breveté son double échappement une dizaine d’années auparavant. Les touchers sont évidemment différents, du grain à moudre pour les pianistes qui entretenaient par leurs retours la publicité de chaque maison. Je ne vais pas épiloguer là-dessus mais juste vous renvoyer aux nombreux ouvrages relatant les fameuses joutes musicales du moment. On pense bien sûr aux fameux duels Liszt-Chopin.

L’instrument mérite malgré tout une sérieuse réparation. La table d’harmonie est à refaire entièrement, elle est décollée et fendue en plusieurs endroits et la photo est édifiante. De ne pouvoir l’entendre sonner correctement sera mon seul regret. On peut voir de nombreux modèles, similaires ou très approchants, en tout cas de la même période, sur le Net.

Dernière photo celle de la poignée de fermeture du couvercle.

Jean Jacques Trinques

Piano queue Pleyel
N° 1 559
Année  1830
Meuble Palisandre
Particularité : CC-f4, 78 notes, Mécanique à échappement simple,
N° d’inventaire E.1

facteurs de pianos et rue de paris

 Facteurs de pianos et rues de Paris

Il n’est que de visiter notre belle France pour découvrir, aux carrefours de nos riantes rues et avenues, quantités de noms liés à la musique ; mais celles-ci, relèvent presque toujours de la composition musicale. Et ô ingratitude, pas le moindre petit facteur de pianos à l’horizon ! Ce qu’on peut qualifier de certaine frustration se réveilla en moi quand, récemment, je « montais » à la capitale en train, et que machinalement je me mis à feuilleter mon plan de Paris, m’amusant à chercher quelques rues, places et même (sans trop rêver toutefois !) avenues, dédiées à nos chers facteurs…

Après tout, n’y eut-il pas et n’avons-nous pas les salles de concert Pape, Herz ou Erard, Gaveau et Pleyel ? Alors, curieux, fouinons… Je n’eus pas à chercher longtemps ; je dénichais trois voies dédiées à Henri Pape, Sébastien Erard et Camille Pleyel. Je pense qu’à la réflexion, je n’aurais espéré meilleur tiercé.

Il est possible que ces trois rues aient été ouvertes et classifiées à la même époque, à l’occasion d’aménagements nouveaux, car elles sont situées à peu de distance l’une de l’autre et dans un quartier qui explosa à la fin du XIXè siècle (12è et 13è arrondissement). Certes, ce ne sont pas de belles et grandes avenues arborées, mais qu’importe, nous apprécions là à sa juste valeur une certaine reconnaissance de nos anciens envers des facteurs de pianos.

La rue Erard (1752-1831), près du boulevard Diderot se situe entre les rues de Charenton et de Reuilly. Elle fait environ 300 mètres. Une tour y porte le nom d’Erard.

La rue Henri Pape (1789-1875) fut ouverte en 1885 près de Tolbiac et de l’avenue d’Italie. Elle portait, à l’origine, le nom d’un certain Edmond Valentin. La dénomination actuelle date de 1897 et son classement, alignement et numérotation de mars à mai 1910. Elle mesure 145 mètres de long sur 12 de large, commence au 18, rue Domesme et rue E. et H. Rousselle. Elle finit 3, place de l’Abbé Georges Hénocque.

La rue Pleyel (Joseph, Etienne, Camille, 1788-1855) est encore plus courte. Elle ne mesure que 75 mètres de long sur 13 de large. Précédemment rue du trou à sable, auparavant on l’a appelée aussi rue des trois sabres (Sûrement avons-nous là un joli dérapage linguistique !). Elle est déjà indiquée sur le plan de Jaillot en 1772. Cette voie s’étendait autrefois jusqu’à la rue de Reuilly. Le tronçon compris entre la rue de Reuilly et Dugommier a été supprimé lors de l’ouverture de l’avenue Daumesnil. Au droit des n° 1 à 7, elle formait une place triangulaire convertie en rue de 13 mètres de largeur à la même époque. Numérotée en 1878, nivelée en 1885, elle portera le nom du plus illustre de nos facteurs de pianos à partir de 1890.

Puis, poussé par la curiosité je suis allé un peu plus loin, en banlieue, je me suis évidemment tourné vers Saint-Denis où se trouve le célèbre carrefour Pleyel ainsi que la place des Pianos.  La rue Pleyel n’est pas loin, en voici un petit historique :

Son appellation actuelle ne date que de 1906. Auparavant c’était le chemin de la Marée, puis des Marchandises, et surtout le chemin des Poissonniers. Il serait plus ancien que la voie romaine, mais la première mention du tracé date de 1307. Ces différentes appellations trouvent leur origine à travers l’activité commerciale de la région. Du port de Seine près de Saint-Denis jusqu’aux halles de Paris, on transportait poissons et fruits de mer par cette voie pour éviter les méandres de la Seine et quelques péages. Chemin des Poissonniers, porte des Poissonniers, faubourg des Poissonniers, boulevard Poissonnière sont, à travers le temps qui passe, quelques dénominations qui rappellent le cheminement lié à cette activité.

Jean Jacques Trinques